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La présence de l'ours et du loup en France : problèmes écologiques, socio-économiques et acceptation par la population - Didier MULNET

Mots clés : Controverse scientifique, Question Socialement Vive, Représentations, Éthique et Décision. Voir descriptif détaillé

La présence de l'ours et du loup en France : problèmes écologiques, socio-économiques et acceptation par la population - Didier MULNET

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Introduction

Par Didier MULNET, Docteur en écologie, Enseignant associé au laboratoire PAEDI de l’IUFM d’Auvergne, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand

Le Journal de Bord

THÈME 3 – « Gestion durable des espèces »

Résumé

Le loup recolonise le France alors que l’ours est en extinction. Le constat scientifique de leur extension/régression ne fait guère controverse même s’il sous tend des problèmes écologiques, économiques et sociaux complexes. La question socialement vive de leur dynamique se pose en des termes sensiblement différents : l’acceptation ou non par la population mobilise des représentations sociales différentes et fait appel à des positionnements philosophiques et éthiques eux-aussi différents.

Les éléments de controverse scientifique seront distingués de ceux portant sur la question socialement vive pour chacune des deux espèces. L’analyse comparative portera sur les représentations sociales sur la nature et les choix éthiques déterminant les décisions individuelles ou collectives. Le postulat de cette analyse est que les représentations sociales ont un poids individuel et collectif très important dans les processus de décision, probablement plus que la rationalité du raisonnement sur des bases scientifiques. Dans cette perspective, la compréhension des processus d’appropriation par les populations de la disparition, réintroduction ou extension de ces espèces prend une grande importance.

Cette approche comparative des deux espèces devrait à terme permettre d’accompagner la dynamique d’autres espèces qu’il s’agisse d’autres prédateurs ou à l’inverse d’espèces non moins importantes d’un point de vue écologique mais moins médiatiques.

Présentation orale

Diaporama


Plan de l’intervention :
• Le constat de leur évolution récente
• Des situations très différentes
• Des choix philosophiques ?
• Des délibérations éthiques ?
• Des représentations aux décisions…

Le constat de leur évolution récente :

Les loups dans le Mercantour, les ours dans les Pyrénées... Doit-on les préserver ? Et si oui, pourquoi ?

Pour comprendre le problème, quelques mots d’histoire :
Les loups avaient disparu. Maintenant, ils recolonisent les Alpes. Leur population actuelle est estimée à une soixantaine, environ.
Ils viennent d’une vallée des Abruzzes, la génétique l’a confirmé. Cela signifie qu’ils ont traversé 3 autoroutes, fait 300 km pour remonter jusque dans les Alpes .
Les ours, eux, n’ont jamais disparu : 12 autochtones, 6 réintroductions, moins les décès : cela représente une petite dizaine d’individus.

Comment ces animaux sont-ils perçus ?

Le poids des images est très important dans la communication sur ces animaux :
En France, un loup dans le Mercantour, c’est une meute qui hurle.
De manière plus générale, en montagne, c’est aussi la brebis égorgée.
Les « gentils », ce sont alors les moutons et les Patous (les chien des Pyrénées). Et il faut toujours des coupables ! La société veut des coupables !

En Italie, ce n’est pas la même vision. Les italiens n’ont pas le même rapport aux loups que nous, les loups ne sont pas diabolisés. L’Italie a la vision de la louve qui nourrit Romulus et Rémus.

Comment vous représentez-vous le loup ?

Fascinant ? inquiétant ? fourbe ? sympathique ? protecteur ? redoutable ?
Cela dépend de nos origines, de notre culture, de nos rencontres, des émotions. Les représentations se construisent progressivement au cours de la vie.

Et l’ours dans les Pyrénées ?

Une lithographie du XIXe représente l’animal redouté pendant des décennies. Les Pyrénées ont été brûlées sur une surface donnée tous les 130 ans car il s’agissait du seul moyen inventé par les bergers pour obtenir du pacage (herbage sauvage) et se débarrasser de l’ours (ils n’avaient pas le droit de le tuer, seuls les nobles le pouvaient).

Des situations très différentes :

Envisageons la survie de ces espèces sous plusieurs aspects :
- sous l’angle social
- sous l’angle économique
- sous l’angle écologique

LE LOUP

Exemple : Donnons raison aux écologistes : Les bergers devront vivre avec le loup dans les Alpes ou cesser leurs activités. S’ils cessent leur activité, à court terme, les loups manqueront de nourriture. Pourquoi ?
Parce que si les montagnes ne sont plus pâturées, le paysage changera et les loups y survivront plus difficilement, ils seront moins nombreux par unité d’espace.
D’autre part, un loup a besoin de se nourrir de gros animaux uniquement pendant la période d’élevage, période cruciale.
Toutes les études scientifiques sur les Alpes montrent que si l’élevage cesse, les loups ne pourront pas continuer à s’étendre dans le contexte artificiel qui a été créé aujourd’hui.
Donc pour la survie du loup dans le contexte actuel, il est nécessaire que les bergers continuent l’élevage.

Pour vivre avec le loup, il faut se protéger de leurs attaques, ce qui suppose :
- Des troupeaux de taille adaptée, plusieurs centaines de bêtes mais pas des milliers. Est-ce une situation économiquement viable ? Non ! Pas avec le mouton des Alpes qui est un mouton à chair.
Quelques chiffres : 900 bêtes = 1100 euros de salaire pour un travail de 15h /jour !
- Une présence humaine quasi-permanente
- Et des chiens de protection + des enclos protecteurs.

Pour la survie du loup, il faut donc que les bergers modifient leur comportement.
Mais les touristes sont également concernés : ils ne doivent pas aller n’importe où en montagne !
Et enfin, le consommateur doit accepter de payer le surcoût lié à la protection des troupeaux. Il est bien clair que s’il y a une zone à loups, une zone où se sont installés les loups, le mouton n’aura alors pas le même prix que dans une zone sans loup, où il n’y a donc pas la nécessité de protéger les troupeaux. S’il y a un surcoût, il faudra que le consommateur accepte de le payer.

Si nous donnons raison aux bergers, le loup sera vite éliminé par piégeage, tir, empoisonnement, etc… comme au siècle passé.
Cela nous posera des problèmes moraux et législatifs : Ayant signé la convention de Berne, le loup étant sur la liste des espèces en voie d’extinction, nous nous exposons alors à des amendes, ce que préfèrent certains d’ailleurs (exemple : dans un autre contexte, l’Afrique du sud paie un budget équivalent au budget-santé en amendes sur l’éléphant !)

Donc, pourquoi les loups vivent-ils en harmonie avec les hommes dans les Abruzzes et pas en France ?
Dans les Abruzzes, il y a 3 fois plus de loups sur une surface pourtant plus réduite et il n’y a visiblement pas d’ennui !
Il se trouve que les bergers des Abruzzes ont de petits troupeaux : pourquoi ? Parce qu’ils utilisent le lait et pas la viande. Chaque troupeau comporte environ 300 brebis à traire (le berger ne peut pas faire plus…).
La fabrication de fromage est une grosse plus-value, alors que le mouton à viande ne peut se faire qu’en élevage extensif…
Donc le problème semble être un problème économique qui se pose de manière différente !

ÉCOLOGIQUEMENT :

Imaginons la pression des écologistes qui se battent pour le retour du loup.

Une protection intégrale amènerait à une extinction directe par le braconnage !
Exemple en Russie : à l’époque de la révolution russe, le peuple mourait de faim et le Tsar interdisait pourtant de tuer les bisons... Le peuple s’est donc révolté et s’est jeté sur le Tsar et les bisons !
Quelque soit le pays qui veut imposer un autoritarisme sur la protection d’une espèce, cela ne peut fonctionner… On ne pourra jamais lutter contre cela.

ÉCONOMIQUEMENT :

Les bergers sont rétribués des pertes : le coût du loup est élevé, sa prédation est estimée à 3000 moutons, or ce chiffre est erroné :il n’y a jamais eu 3000 moutons tués par des loups en France ! Vraisemblablement plutôt entre 300 et 600. Pourquoi avance-t-on le chiffre de 3000 alors ?
Parce que c’est ce que l’on rétribue aux éleveurs : on achète la paix sociale...

Le problème du loup c’est qu’il s’agit d’un animal pas très sympathique aux yeux de la population française…

SOCIALEMENT :

Les amateurs du loup sont plutôt citadins, intellectuels, voire parisiens… Certains ont même des véhicules 4x4 !
Prenez ces 4 caractéristiques, allez dans les Alpes et dans telle vallée, vous êtes sûrs de n’établir aucun contact avec la population locale… !

Nombre d’entre nous, par peur, ne souhaite pas que le loup revienne. C’est une peur irrationnelle … (Aucun cas de mortalité humaine prouvé depuis la bête du Gévaudan...!).

Donc , il n’y a pas UNE réponse à la préservation du loup , mais de multiples qui diffèrent selon les locuteurs.

Certaines solutions existent, telles que celles proposées par des associations comme FERUS par exemple, mais elles ne sont pas forcément adoptées.
Et donc se pose un problème qui n’est plus un problème d’écologie mais bien un problème de Politique.

Notons la complexité des réponses :
- Une réponse « intégriste » des protecteurs du loup amènerait à son extinction en France...
- Les éleveurs qui voudraient l’exterminer seraient hors-la-loi...
=> En fait , il ne faut pas se tromper de cible : ce sont les modes de gestion agricole qui sont à l’origine des conditions favorables au retour du loup ! Les montagnes sont à nouveau complètement abandonnées, les troupeaux sont immenses et non gardés, c’est donc la désertification qui est la cause du retour du loup.
Et ce serait le retour du loup qui mettrait en péril ce fragile équilibre économique… !?

L’OURS

Concernant la survie de l’ours : le problème est différent.

Si l’on ne fait rien, en une dizaine d’années, l’espèce s’éteindra. (A mon sens, l’espèce pyrénéenne est déjà éteinte)

Quels sont les acteurs de ce débat ?
- les bergers et agriculteurs pyrénéens
- les écologistes et les amis des ours.

ÉCOLOGIQUEMENT :

Si nous voulons sauver l’ours brun des Pyrénées, la population actuelle n’étant pas viable, non seulement il faut la protéger, mais en plus il faut réintroduire des ours slovènes (qui sont les plus proches génétiquement de l’ours des Pyrénées).

L’habitat de l’ours a été fragmenté en différentes petites populations :
- une au sud de l’Espagne,
- une dans les Pyrénées,
- une qui était dans les Alpes,
- une autre dans les Dolomites, etc...
Et pour avoir des ours viables dans les Pyrénées, il faudrait une bonne trentaine d’individus selon les modèles scientifiques en cours.
Mais les bergers ne veulent pas de cette solution. Seuls le secteur du tourisme et la population locale (si toutefois elle n’est pas directement concernée) sont globalement favorables.
Dans l’inconscient des gens, les Pyrénées, ce sont les ours. C’’est un peu comme si l’on parlait de l’Afrique sans les lions ! Donc avoir envie de « voir l’ours » est un point positif pour le tourisme.

Le déclin de l’ours remonte aux années 70 jusqu’en 95 :
En 1970, alors qu’il y avait encore une soixantaine d’ours, on décide de le protéger, mais dès lors que le plan « ours » a été mis en place, plus le droit de tirer sur l’ours (même pour l’éloigner), plus le droit d’aller sur son territoire, donc la population d’altitude a été obligée de quitter ces lieux… Ceci est une caricature, mais relativement proche de la vérité !
Or pendant l’hiver, les ours de cette opération sont morts de faim car dans les conditions artificielles dans lesquelles vivent les ours dans les Pyrénées, ils ont besoin d’apport alimentaire, et donc de l’agriculture de montagne.
Or l’agriculture de montagne, ce n’est pas rentable...
DONC : pour sauver l’ours il faut dynamiser l’agriculture et l’élevage de haute
montagne !

ÉCONOMIQUEMENT :

L’ours est-il « vendable » ?

Oui, les retombées économiques sont importantes.
Un assez bon système = Berger/Patou/Mouton/Fromage/Ours !
Le « broutard » (agneau élevé au lait de sa mère et transhumant en estive) est un mouton valorisé qui s’achète un peu plus cher, car on sait qu’il vient d’une vallée à ours…
L’ours et le Patou sont les 2 mamelles !
L’ours a une bonne image, tout le monde l’aime bien, il est virtuellement éteint, d’où la sollicitude envers lui… Lorsque Melba fut tuée par un chasseur, les écologistes ont organisé une veillée mortuaire à la gendarmerie, comme on a toujours fait en montagne… Il s’agit là d’un culte de la personnification !

Mais un ours, ça demande quoi ?

Des pistes cyclables en montagne et des tracés O.N.F. permettant d’exploiter la forêt, il n’y a rien de pire pour faire fuire les ours...
Ce sont donc ceux qui veulent le retour de l’ours, qui en interdisent l’extension dans certaines zones.
L’activité touristique est donc incompatible avec le maintien de l’ours (morcellement de son milieu forestier).

SOCIALEMENT :

Parlez de l’ours à un montagnard Béarnais, vous entendrez toutes les horreurs possibles !!
Parlez de l’ours à des gens de plaine (ceux qui ne l’ont jamais côtoyé), ils vous en feront l’apologie !

Concernant l’ours, il faut donc :
- Valoriser l’image de l’ours, le rendre économiquement rentable…..comme dans les Abruzzes (social/économique)
- Le maintenir à un seuil suffisant pour sa survie mais tolérable pour
la population locale (écologique/social)
- Contrôler le développement touristique pour lui laisser des sites forestiers vierges indispensables (économique/écologique). Hélas, actuellement, ce sont ceux qui veulent l’ours qui créent aussi sa perte…
- Favoriser un agropastoralisme de montagne nécessaire à sa survie (économique/ écologique)
- Faire évoluer les mentalités pyrénéennes (ours = danger = destruction des cultures, ruches et bétail = chasse = animal démoniaque, etc...) pour que la population locale supporte les mutations sociales nécessaires : surveillance, chien, etc... (social)

Pour résumer :
- Chacun a un point de vue différent, qui dépend de son éducation, vécu, situation… Mais aucun point de vue n’est meilleur.
- A un problème posé, il n’y a pas une réponse unique, définitive. Cela dépend des facteurs que l’on privilégie.
- Le problème c’est qu’aucune des réponses apportées n’est satisfaisante... Alors comment prendre une décision ?

Des choix philosophiques ?

Alors que fait-on ? Le philosophe peut-il nous aider ?

1- Notion d’utilitarisme : on considère que ce qui est plaisir est un bien, et ce qui est souffrance est un mal.

2- Théorie des droits des animaux : bien que dépourvus de pensée réflexive, les animaux ont des intérêts, selon Feinberg, il suffit donc d’avoir des intérêts pour avoir des droits. Mais les animaux qui manifestent de telles capacités , ce sont les mammifères !

3- Thèse du contrat domestique : L’Homme élève des animaux, il leur procure nourriture, sécurité, santé, et droit à la reproduction.
Le contrat peut être rompu (animaux marrons) ou à l’inverse l’abandon d’animaux domestiques prime Hérode pour sacrifier les veaux, éradiquer des bovins atteint de la tremblante, …

4- Éthique environnementale : le bien-être et les droits des animaux ne sont pas respectés dans la nature, où tout animal est à la fois proie et prédateur. « Nature is not fair » Holmes Rolston.
Ce qui importe ce n’est ni le bien être, ni la vie, ni la liberté de mouvement de tel ou tel individu, mais la survie de la population. Toute action est donc jugée par ses effets sur la dynamique de la population.

Synthèse de ces théories philosophiques pour les loups :

1) Utilitarisme : Le loup a tort de manger des moutons
2) Théorie des droits : Infructueuse ici (moutons ont les mêmes droits que les loups)
3) Contrat domestique : Rupture du contrat avec le mouton
4) Éthique environnementale : Le loup gagne car il trouve une niche écologique vide.

Mais ce ne sont pas les philosophes qui décident… et comme ils ne sont pas tous d’accord….

Synthèse de ces théories philosophiques pour les ours :

1) Utilitarisme : L’ours à tort de manger des moutons
2) Théorie des droits : Infructueuse ici
3) Contrat domestique : Pas réellement de rupture de contrat domestique avec le mouton : Patous, bergers (lait de brebis sert pour le fromage…)
4) Éthique environnementale : L’ ours perdra toujours car sa niche écologique n’est plus assurée (fractionnement des habitats), sa taille de population est trop petite.

Donc soit on le considère éteint et on attend la recolonisation par d’autres prédateurs (loups), soit on s’attaque au problème de son habitat !

Il faut protéger l’ours, mais que dire de la protection des autres espèces ?

Exemple : La Tylacine : Personne ne pensait son extinction possible, d’ailleurs on croyait que la nature d’une façon générale était inépuisable et que tout était réversible…

Des délibérations éthiques ?

MORALITÉ ou ÉTHIQUE ?

Dans le cas présent la moralité amènerait à une préservation intégrale du loup en imposant aux populations locales des choix externes souvent mal perçus.
- En termes de gouvernance nous sommes bien loin des principes de participation et de subsidiarité, puisque la décision politique n’est pas concertée.
- L’éthique correspondrait plus à une solution négociée adaptée aux conditions locales et du moment, acceptée par la population locale. Ce glissement de la morale à l’éthique semble s’être mis en place progressivement en une dizaine d’années dans les Alpes.

Des positionnements différents :

Une analyse des relations homme nature (Larrère C. & Larrère R., 1997) avait montré que l’homme peut se positionner :
au centre de la nature en position d’observation. C’est typiquement la position qu’avaient adoptée les grecs qui prônaient un naturalisme savant et tentaient d’analyser les relations entre physique et éthique, entre nature et humanisme.
à l’extérieur de la nature en position d’expérimentateur et de maitrise. Il s’agit de la vision qualifiée de « moderne ». Elle sépare le sujet de l’objet.
dans la nature mais sans position privilégiée. Cette position plus récente postule que nous faisons partie de la nature tout en insistant sur l’importance de la connaissance et de la technique pour la gérer au mieux.

Des représentations aux décisions…

Les représentations sur l’environnement peuvent se classer selon quatre types :
- Biocentrique : centrée sur les éléments vivants eux mêmes
- Ecocentrique : centrée sur les systèmes écologiques aux différentes échelles et les interrelations entre les éléments de ces systèmes.
- Anthropocentrique : centrée sur les besoins et les problèmes qui concernent la qualité de vie des humains : pollutions, risques, déchets, besoins vitaux, agriculture, patrimoine
- Sociocentrique : centré sur les processus sociaux, c’est-à-dire la prise en compte des considérations sur le développement, la consommation, la science elle-même, les rapports au milieu écologique et entre les humains, les règles d’éthique, etc…

1) Si j’étais un Biocentrique !
Environnement = nature et ses éléments vivants (faune, flore).
=> Tous les êtres vivants méritent de vivre.
=> L’environnement c’est la nature à apprécier, respecter et préserver.
Je vais pleurer le « meurtre » du Cannelle par le chasseur, voire même aller à sa veillée mortuaire.

2) Si j’étais un Ecocentrique !
L’homme fait partie de la nature.
Mais je vais privilégier le niveau d’intégration des systèmes écologiques.
Je ne suis pas ulcéré par la destruction d’un loup dans le Mercantour, car il y sont en extension. Le problème serait différent s’il n’y avait qu’un ou quelques couples comme dans le Cantal. Je suis ulcéré par la disparition de Cannelle, mais parce qu’elle était la dernière femelle ; par contre Franska….

3) Si j’étais un Anthropocentrique !
La nature est utile, alors je m’en sert.
Intégration de la dimension économique et de la gestion
Cette représentation amène à 3 définitions différentes :
• l’environnement comme ressource
• l’environnement comme problème
• l’environnement comme milieu de vie.
Ils nous embêtent ces loups, ils ne servent à rien, ils sont dangereux, ils nous coutent cher,...
Pour l’ours : Je peux être anthropocentrique de montagne (berger) ou
de plaine (secteur touristique).

4) Si j’étais un Sociocentrisme !
Si nous ne sommes pas capables de cohabiter avec quelques loups, cela pose le problème de nos relations avec la nature. Il y avait des loups en France, pourquoi n’y aurait-il plus de place pour eux ? Jouent-ils un rôle dans les Bois Noirs, le Forez, le Cantal ?

Y-a-t-il une bonne représentation ?

NON bien sur, les représentations existent. Ce que l’on peut faire, au mieux, c’est essayer de les faire évoluer.

Si l’on revient au cas du loup, les visons anthropocentrées et biocentrées sont par trop opposées pour aboutir à une solution discutée durable : Si les pleins pouvoirs étaient donnés aux éleveurs de moutons le loup serait très vite éradiqué comme il l’a été au siècle dernier, mais si les pleins pouvoirs étaient donnés aux défenseurs d’une protection intégrale, le loup pourrait s’éteindre pour d’autres raisons
Une vision écocentrée nourrie par des faits scientifiques permet plus facilement d’appréhender la complexité de la situation en intégrant des données sociales (bien être des éleveurs, gestion des paysages,…) et économiques (viabilité des élevages, coût de la viande de mouton, filière ovine et Politique Agricole Commune, labels et mode de consommation,…).

Ces différents positionnements sont respectables, mais dans l’objectif d’un « bon usage » de la nature, la vision écocentrée serait la plus adaptée, mais ce point pourrait être débattu.
Une vision objective de la nature, informée par la science semble nécessaire pour en envisager la gestion.

Bibliographie

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Dupont, Y. 2007. Dictionnaire des risques, Armand Colin, 536p.

Fagot-Largeault, A., Acot, P. 2000. L’éthique environnementale, Sens, 169p. [Larrère R., Ours de Pyrénées et Loups du Mercantour. Un problème d’éthique appliquée ? p143-146]

Genot, J.C., 2003. Quelle éthique pour la nature ? Edisud, 191p.

Larrère, C., Larrère, R. 1997. Du bon usage de la nature : pour une philosophie de l’environnement. Alto Aubier, 355p.

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Lagardez, A. & Simmoneaux, L. 2006. L’école à l’épreuve de l’actualité, enseigner les questions vives, ESF.

Terrasson, F. 2007. La peur de la nature, col. Sang de la Terre, 270p.

Vivien, F.D. 2002. Biodiversité et appropriation : les droits de propriété en question, Nature sciences Sociétés, Elsevier, 206p.

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