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Le mimétisme : une stratégie anti-prédatrice !

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28 février 2015 par : Anne OUVRARD (Ancienne Responsable du Programme PANTHERA)

Dans le cadre de la protection contre les prédateurs, les animaux ont un choix fondamental à effectuer, par la sélection naturelle bien sûr, entre camouflage et sécurité en nombre. Les deux stratégies sont difficiles à combiner, et il est parfois difficile pour certains animaux de rester proches de leurs congénères afin de diminuer le risque de prédation. C’est pourquoi, certains utilisent la stratégie de camouflage ou de mimétisme.

1. Le mimétisme, qu’est-ce que c’est, et à quoi ça sert ?

Le mimétisme est une stratégie adaptative d’imitation, permettant à certaines espèces animales et plus rarement végétales, de ressembler, temporairement ou de façon permanente, par la couleur ou par la structure, au milieu environnant physique ou biologique, avec une finalité (notamment protectrice ou offensive) ou sans finalité apparente.

Les stratégies mimétiques sont donc de divers types, comme les espèces qui disposent de moyens d’échapper à la vision du prédateur - on parle alors de camouflage ou de mimétisme cryptique - ou comme le fait de se faire passer pour une autre espèce, par exemple en se parant des attributs d’espèces non comestibles, voire dangereuses - on parle alors de mimétisme batésien. Toutefois, le mimétisme peut répondre à d’autres contraintes, telles que la reproduction (cas des coucous ou de certaines orchidées), ou la prédation (cas de la blénnie dévoreuse), mais nous ne développerons pas ces deux cas ici.

photo : Papillon « Feuille morte du chêne ».
photo : Les rayures la syrphe imitent celles de la guêpe.

Le mimétisme c’est donc l’imitation d’un modèle par un animal ou un végétal.
Un système mimétique met en jeu 3 acteurs :
- Le modèle, vivant ou non ;
- Le mime, imitant le modèle et tirant avantage de sa ressemblance avec le modèle ;
- Le dupe, (bien souvent un prédateur) trompé par le mime.

2. Qui a découvert le mimétisme ?

C’est l’entomologiste britannique Henry Walter Bates (1825-1892), naturaliste et explorateur, qui émit pour la première fois une théorie sur le mimétisme à propos de papillons d’aspects similaires, bien que n’étant pas d’espèces proches : une espèce inoffensive profitant de la répulsion provoquée par une espèce venimeuse.

Fritz Müller (1821-1897), un zoologiste suisse, expliqua pour la première fois en 1878, le phénomène selon lequel deux espèces venimeuses différentes vont adopter une même apparence (en quelque sorte des signaux d’alertes sous forme d’un code universel), leurs prédateurs apprenant plus vite à se méfier d’elles.

C’est en leur honneur que deux types de mimétisme sont nommés : le mimétisme batésien et le mimétisme mullérien.

3. Les principales formes de mimétisme

- Le mimétisme batésien

La théorie d’Henry Walter Bates est fondée sur l’apprentissage du prédateur. En effet, Bates a remarqué que des papillons aux couleurs vives voletaient en plein jour à la portée du moindre oiseau passant par là. Il montra alors que certains papillons tout à fait comestibles arboraient les couleurs et motifs d’autres espèces toxiques de la famille des Heliconidae naturellement délaissées par les oiseaux. Effectivement, le prédateur, après un certain nombre d’expériences, a appris à connaître l’espèce qui va servir de modèle au mime, et adopte le même comportement à l’égard du mime. Ainsi l’oiseau ne mangera pas le papillon mime, même si celui-ci n’est pas toxique.

Exemples : - C’est le cas du papillon monarque, dont les chenilles se nourrissent de plantes toxiques et de ce fait les adultes sont aussi toxiques, ce qui incite les prédateurs qui ont déjà fait la mauvaise expérience d’en manger un, à ne pas la renouveler. Ainsi de nombreux autres papillons tels que le papillon vice-roi vont imiter les couleurs et le dessin des ailes du monarque pour bénéficier de cette protection efficace.

photo : Papillons monarque (en haut) et vice-roi (en bas)

- On distingue également de nombreuses mouches mimétiques comme l’éristale ou la syrphe, ainsi que des coléoptères tels que le clyte ou la lepture, la robe des guêpes servant de modèles à de nombreux usurpateurs.

photo : L’éristale des arbustes
photo : La syrphe
photo : Le clyte
photo : La lepture

- Ce phénomène est présent également chez certains papillons, mais aussi certains reptiles tels que la couleuvre faux-corail.

photo : Un serpent corail (espèce venimeuse)
photo : Une inoffensive couleuvre Faux-corail

Le mimétisme Batésien consiste alors en l’imitation, par une espèce dépourvue de moyen de défense, d’une espèce mieux équipée sur ce plan là.

- Le mimétisme mullérien

Il consiste en une imitation réciproque au sein d’un groupe d’espèces non comestibles ou simplement désagréables (vomitives par exemple), comprenant éventuellement une espèce réellement dangereuse. Ici, l’apprentissage du prédateur est accéléré par la ressemblance (il apprend à éviter les proies qui se ressemblent). C’est pourquoi deux espèces toxiques différentes arborent une livrée d’avertissement commune pour se protéger et continuer ainsi à pérenniser l’espèce. C’est une forme de convergence évolutive.

photo : Papillons africains, avec sur la gauche les modèles non comestibles, et sur la droite leurs imitateurs comestibles.

- Le camouflage

Le camouflage est une démarche différente puisqu’il consiste à imiter des objets inanimés de l’environnement comme une pierre (cas des poissons pierre), une feuille, une brindille (cas des phasmes), un lichen, un tronc, etc...
Les stratagèmes mis en place montrent une infinité de formes et de nuances où les détails sont souvent proches de la perfection.
Deux types de camouflage peuvent coexister : l’homochromie est le mimétisme des couleurs et l’homotypie est le mimétisme des formes.

photo : La phyllie (phasme)
photo : Le papillon de nuit Biston betularia
photo : Papillon Kallima inachus imitant une feuille morte

Quelques espèces des forêts tropicales humides ont développé une capacité à changer leur couleur pour se fondre dans leur environnement. Cette stratégie peut être aussi bien agressive que défensive. C’est le cas par exemple des caméléons ou des geckos Uroplatus de Madagascar. Ces espèces disposent de cellules de la peau appelées chromatophores qui sont capables de ce changement de coloration.

photo : Un gecko Uroplatus sikorae, dissimulé sur un tronc d’arbre.

- L’auto-mimétisme

L’auto-mimétisme est le cas d’animaux imitant une portion seulement du corps d’un prédateur ou de leur propre corps. Par exemple, de nombreux papillons et d’espèces de poissons d’eau douce ont des taches simulant des « yeux » appelées ocelles. Quand il y a un danger, les papillons dévoilent leurs ocelles, en ouvrant leurs ailes par exemple, ce qui a pour effet de créer la surprise sur le prédateur, en donnant l’impression d’être une espèce plus grande ou plus dangereuse, et ainsi permettre à la proie de fuir.
De plus il peut, de par l’orientation du signal tromper les perceptions du prédateurs.

photo : Saturnia pavoniella
photo : Caligo brasiliensis
photo : Ocelle de Caligo brasiliensis

Recherches à ce sujet : Blest (1957) a expérimenté ce type de mimétisme. Il a nourrit des oiseaux avec des charançons morts. Et lorsque les oiseaux se furent habitués, il a essayé différents schémas d’ocelles. Dès qu’un oiseau se posait sur la boîte des charançons, il allumait deux ocelles de chaque côté.
Blest a découvert que plus la forme ressemblait à un œil, plus elle était efficace pour déclencher le comportement de fuite. Mais il s’est aussi rendu compte que les oiseaux s’habituaient vite aux ocelles, ce qui semble être la raison pour laquelle les papillons gardent leurs ocelles cachés, et ne les dévoilent qu’en cas de danger.

photo : Schéma des ocelles montrés aux oiseaux

à suivre....

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