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Le Lynx d'Europe

Un espoir pour les grands prédateurs ? Voir descriptif détaillé

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28 février 2015 par : *Att-Pub

Introduction

Pattes de velours, yeux perçants, suscitant la crainte et l’admiration tel est le lynx d’Europe.

De nombreuses espèces sont menacées d’extinction dans le monde. 24% des mammifères sont concernés. Parmi ces mammifères sont recensés des félins tels que le tigre ou encore le lynx. En Europe et en France notamment, le lynx est considéré comme un grand prédateur au même titre que le loup et l’ours. Aujourd’hui, ces trois espèces sont en voie de disparition et des programmes de réintroduction sont nécessaires pour les voir à nouveau dans notre environnement. Mais ces dernières rencontrent de nombreux problèmes et soulèvent la question : l’Homme et les grands prédateurs peuvent-ils cohabiter ?
En France, cette question est d’actualité : l’ours Cannelle tuée, les loups chassés par les bergers. Et le lynx ???

Origine des félidés

La famille des félidés regroupe tous les félins du monde allant du chat domestique au tigre de Sibérie. Les premières traces sur les félins remontent à un peu plus de 10 millions d’années. Les spécialistes ont beaucoup de difficulté à retrouver des fossiles de leur ancêtre et ne peuvent encore réaliser une image ou un dessin qui représenterait le plus réellement le premier félin. Les miacidés vivaient au début de l’ère tertiaire et sont considérés comme les ancêtres communs aux chats et aux chiens. Puis est apparu entre 37 à 25 millions d’années avant notre ère, le premier félin, Proallurus. Il est à l’origine de tous les félidés actuels. Ensuite ils firent place aux Pseudaelurus qui émigrèrent de l’Eurasie à l’Afrique puis vers l’Amérique du nord et ils se diversifièrent. Apparurent ainsi un carnivore aux dents en forme de sabre, l’ancêtre des félidés modernes. A partir de 5 millions d’années, les félidés se sont divisés en deux familles distinctes : les félinés (les petits félins) et les panthérinés (grands félins). Ces deux familles apparurent en Asie et ensuite se disséminèrent partout dans le monde sauf en Australie et à Madagascar. Vivaient donc alors en Europe des panthères et des lions, différents des espèces modernes, un guépard géant et un petit félin le lynx, ancêtre du lynx boréal : le lynx d’issoire.

Description du lynx

Le lynx d’Europe appartient à la famille des félidés. Facilement reconnaissable par sa haute silhouette, sa courte queue terminée par un anneau noir et par ses pinceaux de poils noirs terminant ses oreilles, il est le plus grand félin d’Europe. Il est avec le loup et l’ours un des trois grands prédateurs de nos contrées.
Le lynx est un animal solitaire et habite les vastes étendues boisées de plusieurs dizaines d’hectare en plaine comme en montagne en Scandinavie, Europe centrale et occidentale, Amérique du nord. Il évite les zones ouvertes (prairies, champs). Son pelage, qui va du roux au gris beige, lui offre un camouflage très performant, il est pratiquement impossible de l’apercevoir et souvent sa présence n’est décelable que par les indices laissés derrière lui (empreintes, proies, crottes...)
Carnivore strict, son régime varie en fonction des proies rencontrées dans son milieu. En Europe occidentale, ses proies sont le chevreuil et le chamois principalement.

Historique et déclin du lynx en Europe et en France

Le lynx est connu depuis la plus haute Antiquité, son nom lui vient d’un héros grec : Lyncée, pilote des argonautes partis à la recherche de la toison d’or et doté selon la légende d’une vue perçante. Quant à la profondeur de son regard, elle semble due aux bandes noires et blanches qui cerclent ses yeux. Les romains l’utilisaient mais plus rarement que le lion ou la panthère dans les jeux du cirque car il était difficile de le transporter vivant.
Il est donc apparu très tôt dans l’univers de l’homme et il est même représenté dès l’époque préhistorique dans les dessins qui ornent les parois des grottes. Il fait partie du bestiaire de Lascaux.
A l’égal de tous les animaux sauvages, il exerce sur l’homme une fascination liée aux pouvoirs exceptionnels qu’on lui attribue. Il est à la fois craint et respecté. Au Moyen-Âge, il est chassé pour ses griffes et ses dents qui servent alors d’amulettes.
Peu à peu, la méconnaissance sur le lynx fait naître une terreur superstitieuse et a légende du loup-cervier apparaît : le lynx se transforme en un loup à robe zébrée ou mouchetée attaquant des proie et ne consommant que la cervelle.
A partir de cette époque (XIIe siècle), les méprises entre lynx, loups et chiens sont fréquentes et les dégâts sur les troupeaux sont mis sur le compte de la bête sauvage.
Dès le XVIe siècle, les grands prédateurs sont considérés comme nuisibles et leur éradication commence. Chassé pour sa magnifique fourrure et son territoire reculant au profit fe l’Homme (les surfaces forestières diminuent), le lynx est en voie de disparition au début du XXe siècle et il ne subsiste que quelques noyaux de populations isolées en Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Norvège et Finlande.
Son élimination totale en France survient au XIXe siècle.
Dans les années 30, la prise de conscience de l’extinction de l’espèce déclenche des campagnes de protection et de réintroductions dans les différents pays concernés.
Après une chasse impitoyable, quelques scientifiques s’intéressent à cet animal et prouvent qu’il est une maille importante du cycle de la vie. Ainsi il devient nécessaire de voir réapparaître le lynx dans nos massifs.

Réintroduction du lynx

La première mesure de protection fut son inscription sur la liste des animaux menacés en 1971.
Un programme de réintroduction voit le jour dans les années 70. Les lynx sont capturés dans un pays où ils vivent nombreux ou proviennent de zoos. Avant d’être relâchés dans leur nouveau domaine, ils sont vaccinés, tatoués et munis d’un collier émetteur sous anesthésie.
Un suivie journalier permet de localiser les lynx et permet donc une meilleur compréhension de cet animal et de ses mœurs.
Lors du lancement de ce programme, des problèmes apparurent avec les animaux élevés en captivité : ils avaient perdu la notion de la peur envers l’homme. .Ils sont donc allés près des habitations et il s’est avéré qu’ils ne pouvaient se débrouiller par eux-même. Seuls les lynx sauvages sont réintroduits ultérieurement.

Voici quelques étapes de la réintroduction du lynx en France :

Dans les Vosges, le projet est né en 1972. Depuis, 19 lynx ont été réintroduits. Mais 5 sont morts dont trois chassés illégalement.
Malgré ces drames un espoir demeure, depuis 1986, 6 indices de reproduction ont été recensés.

Dans le Jura, la réintroduction a été plus facile. En effet 20 lynx ont été libérés en suisse coté jura et la première observation coté français s’est réalisée en 1974. Une phase de colonisation a suivi dans le Jura et l’Ain jusqu’en 1980.
Des attaques de troupeaux ont été constatées mais aucune chasse ni braconnage n’a été recensé. La cohabitation peut donc exister même si celle-ci n’est pas parfaite.
En 1993, 150 observations sont comptées dans le massif jurassien.

Dans les Pyrénées, il n’a jamais totalement disparu. Il s’est maintenu de 1850 à 1950 et après 1960 un nouveau développement est observé.
Dans cette région, deux espèces sont présentes : le lynx d’Eurasie et le lynx d’Espagne. Les relations entre elles ne sont pas élucidées.

La réapparition de ce grand carnivore dans les régions précitées s’est réalisée dans un contexte de perception variable suivant les catégories humaines sociales concernées, rendant difficilement dissociables les aspects scientifiques des aspects sociologiques.
Dans le massif vosgien, par exemple, une importante information a été donnée aux populations locales avant même que la réintroduction de ce félin n’est commencée.
Ces réintroductions permettent aux lynx de maintenir la population de chevreuils, cette dernière en forte expansion pose des problèmes aux syviculteurs. Il contribue donc à l’équilibre en reconstituant un maillon prédateur dans la chaîne alimentaire. Mais la cohabitation reste difficile et les mentalités n’évoluent que très doucement. Il reste des détracteurs de ce félin : pour eux sa place est dans un zoo ou empaillé sur une cheminée.

Lois de protection et les programmes d’études mis en place

Rappelons qu’il existe des lois protégeant le lynx :

Le lynx figure dans plusieurs directives légales de protection et de gestion, telles que :
- la Convention de Berne, protection de la faune sauvage européenne et des habitats naturels, annexe III, qui gère la protection de l’espèce, autorise une chasse et un piégeage strictement réglementés.
- CITES, convention sur le commerce international des espèces animales et végétales menacées d’extinction, ou Convention de Washington, dans laquelle le lynx est inscrit en annexe II
- Directive Habitats (92/43/CEE), conservation des habitats naturels, faune et flore sauvage, dans laquelle le lynx est inscrit en annexe II et IV
- Réglementation 3626/82/CEE, dans laquelle le lynx est inscrit en annexe A
- Ordonnance sur la chasse, ordonnance sur la chasse et la protection des mammifères et des oiseaux sauvages, qui indemnise autour de 30 à 50% les dégâts opérés sur les animaux domestiques
- Conseil de l’Europe, plan d’action pour la conservation des grands carnivores en Europe
- Loi sur la protection sur la nature, sous laquelle le lynx est protégé en France par l’arrêté du 17 avril 1981, modifié le 10 octobre 1996

Parallèlement à ces lois qui protègent le lynx, un concept est établi pour la reconstitution de lynx dans les alpes.

D’abord il faut établir un plan d’action lynx dans les alpes qui prendra en compte les erreurs du passé. Ce plan d’action contient différents points scientifiques et sociologiques :
1. définir des buts précis et établir dans quel ordre de temps ces buts doivent être atteints au niveau national et pour l’ensemble de l’arc alpin ;

2. évaluer pour l’ensemble des Alpes (1) l’adéquation des habitats, (2) les corridors potentiels pour relier les sous-populations et (3) identifier les barrières, afin de pouvoir proposer des sites favorables pour de prochaines réintroductions ;

3. effectuer une campagne d’information en incluant la population, afin d’obtenir une meilleure acceptation du lynx ;

4. développer un suivi génétique des sous-populations, afin d’être en mesure d’identifier les problèmes génétiques ;

5. établir un système de monitoring qui permette (1) de suivre chaque sous population, (2) de faire des comparaisons entre les différents pays et (3) de contrôler le progrès de chaque action.

Il faut mettre aussi au point différentes méthodes de prévention pour les éleveurs afin que la haine envers ces prédateurs diminuent.

Moyens de prévention possibles

Dans le cadre du projet lynx du KORA (en Suisse), des méthodes de prévention de dégâts de lynx sur le petit bétail sont mises au point et testées. Ces méthodes doivent pouvoir être utilisées sans peine par l’éleveur.
La surveillance permanente des moutons avec un berger ou des chiens par exemple est une mesure efficace, mais elle n’est pas encore considérée comme obligatoire.
Les méthodes suivantes ont été testées jusqu’à présent :
-des colliers en plastique qui empêchent le lynx de mordre la gorge de ses proies. Les colliers représentent un obstacle, mais ils n’offrent pas de protection absolue.
-Des ânes ont également été placés comme chiens de garde auprès de certains troupeaux. Cette mesure s’est révélée efficace dans d’autres pays pour la protection contre les prédateurs. Les ânes ne sont cependant pas adaptés à des pâturages de forte déclivité, car ils ne parviennent pas à suivre les moutons.
- Suite à des attaques, des lampes de signalisation ont été installées de diverses manières à proximité des troupeaux touchés. Une lumière qui clignote à un effet dissuasif sur le lynx.
Ceci a permis dans certains cas d’interrompre des séries d’attaques. Cette méthode ne peut cependant pas être utilisée de façon préventive - avant que des attaques ne soient observées - car sinon, des risques que le lynx s’y habitue existent.
Aucune solution miracle n’existe pour la protection des troupeaux de moutons. La meilleure stratégie est l’utilisation de toute une palette de mesures différentes selon les cas. La liste des mesures de prévention doit également inclure l’abandon du pâturage dans des zones spécialement exposées.

Afin de préserver l’espèce sur notre territoire, il convient de mettre en place un programme des suivis des populations pour pouvoir surveiller l’évolution et la distribution des populations, faire un recensement exhaustif des dégâts dans le but d’indemniser les « victimes », pour ne pas envenimer la haine sur les grands prédateurs, de faire des études de terrain, afin de mieux connaître les comportements de l’espèce, pour une diffusion auprès du grand public. Cette diffusion auprès du grand public est primordiale. Elle est le point le plus important avant, pendant et après la réintroduction.Le lynx doit être perçu comme un grand prédateur nécessaire à un écosystème et non comme un « monstre ». Il faut donc commencer par la partie sociologique en informant sur cet animal. Les plus jeunes seront les premiers sensibilisés, ils deviendraient un relai entre les scientifiques et le grand public. Ensuite des études dans son milieu naturel permettront de le connaître plus amplement et de diminuer, probablement, l’aversion de certains envers cet animal.

L’expérience de 25 années de réintroduction de lynx apprend qu’aucun des pays alpins ne peut réaliser seul un tel projet au niveau national ou même local. Il faut une population de lynx qui colonise l’ensemble de l’arc alpin. Ce n’est que comme cela que cette espèce pourra à nouveau se maintenir à long terme. C’est pourquoi il faut collaborer au niveau régional et international. De plus, la collaboration doit se faire entre le gouvernement, les organismes de protection de la nature, les scientifiques et la population. La tache est difficile, car les Alpes constituent une région très diversifiée, autant culturellement que politiquement. L’exemple du lynx n’est pas le seul en France. D’autre espèces de prédateurs sont à l’heure actuelle menacées : l’ours et le loup.

Or la faune est un patrimoine commun, sa préservation est non seulement une nécessité écologique mais aussi un devoir éthique pour l’ensemble de nos contemporains.

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