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L'Expédition Panthera 2007 - La confirmation d'une passion

Témoignage sur l'expédition Panthera 2007 Voir descriptif détaillé

L'Expédition Panthera 2007 - La confirmation d'une passion

Témoignage sur l'expédition Panthera 2007 Voir descriptif détaillé

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Après ma participation à l’expédition Panthera 2007, alors âgée de 16 ans, j’ai réalisé un master d’écologie. J’ai suivi le projet durant toutes ces années et j’ai aujourd’hui l’opportunité d’encadrer ces magnifiques expéditions.

Pourquoi cette destination ?

Je viens d’avoir 16 ans, c’est l’été avant ma terminale scientifique et je me pose de nombreuses questions quant à mon avenir : Que faire après le baccalauréat ? Peut-on réellement allier notre futur métier et nos passions ? Quel type d’emploi puis-je avoir pour travailler sur la faune et la flore et être sur le terrain ? Etc.
Je ne connais pas encore la signification scientifique de l’écologie. Par contre je sais que je suis passionnée par la montagne. Je suis originaire des Pyrénées où je pratique le ski alpin depuis mon plus jeune âge et d’autres sports tels que le VTT, la course en montagne, le ski de randonnée…
Je suis intéressée par la faune et la flore. Je me forme de façon autodidacte surtout sur les espèces pyrénéennes bien sûr ! Je souhaite voyager et mes parents me proposent de m’offrir un voyage divertissant mais aussi instructif et enrichissant. En faisant quelques recherches, ma mère trouve une annonce sur l’expédition Panthera dans une petite brochure post-bac. Nous approfondissons les recherches sur internet. L’expédition semble répondre à mes attentes.
Me voici donc partie pour passer le mois d’août au Kirghizstan, à la recherche de la panthère des neiges !

L’expédition

Une première expédition Panthera, de repérages, a été réalisée en 2006 au Kirghizstan dans une autre région du pays. Là, une carcasse de panthère dépecée par des braconniers a été découverte.
Notre expédition est donc la première du projet à étudier la population de panthère des neiges dans la réserve d’état de Sarychat-Ertash. Le contexte est, reconnaissons-le, privilégié. Nous sommes 3 jeunes éco-volontaires mineurs (âgés tous trois de 16 ans) plus ou moins habitués à voyager : Quentin, Maëlle et moi-même. L’encadrement est idéal : deux personnes de l’association (une professeure de biologie belge, Charlotte et un éducateur scientifique, Olivier), une interprète kirghize, Tchinara, un biologiste de la réserve, Alexander, un jeune ornithologue de la réserve, Vassily et un garde chasse qui s’occupe également des chevaux, Toktorbek.

Pour ce grand départ nous nous retrouvons à l’aéroport de Bruxelles d’où nous décollons pour la capitale du Kirghizstan : Bichkek. Nous y sommes accueillis par Tchinara. Une fois sur place nous logeons deux jours dans une guest-house afin de préparer les 3 semaines d’autonomie dans la réserve.

Nous profitons de ce court moment pour visiter cette ville cosmopolite et un de ses bazars, riches en couleurs et en saveurs. Puis, vient le moment de prendre la route en minibus pour Karakol et les rives du lac Issyk Kul. Nous y passons une nuit sous une yourte avant le grand départ pour la réserve. Au réveil un énorme camion appelé « kamas » nous attend.

C’est un vrai rêve, loin de nos familles dans un pays avec des paysages magnifiques dont nous ne connaissons pas la culture. Il se prolonge à l’arrivée dans la réserve après une journée à bord du kamas.

Je ne vais pas vous raconter chaque journée passée dans la réserve. Je préfère vous faire partager quelques petites anecdotes représentatives de l’ambiance sur le terrain !

Dans la réserve, les gardes-chasses nous accueillent, ils nous attribuent un cheval à chacun pour nous déplacer parfois sur des pentes ou des terrains escarpés. Personnellement je pratiquais très peu l’équitation avant le voyage. Les premiers jours, j’ai donc quelques courbatures une fois descendue de ma monture ! Mais nos compagnons de voyage connaissent bien le terrain et nous sommes en confiance sur leur dos.
Nous découvrons de grands plateaux à plus de 3 000 m d’altitude. Au pied des glaciers nous observons de magnifiques troupeaux de yacks et de moutons en liberté dans des prairies d’édelweiss, d’aster et de gentianes. Nous observons les premiers mouflons et bouquetins.
Nous dormons sous tentes mais aussi dans des wagons et cabanes ré-aménagés par les gardes.

Notre premier contact avec les prédateurs de la région se fait à l’arrivée à la cabane d’Eshegart (camp n°1). Autour de celle-ci, nous découvrons un grand nombre de traces et de crottes de loups. Une meute a rodée par là ! Nous en profitons pour récolter nos premières fèces et faire des moulages d’empreintes en plâtre.
Plus tard dans le séjour, à notre arrivée au camp de Koïlou la porte du wagon est effondrée. En entrant, nous observons de grosses empreintes d’ours et des traces de griffes sur la porte et les murs. Il nous faut quelques heures pour remettre de l’ordre dans le wagon et refaire une porte !
Nous avons également l’occasion d’observer des trous assez conséquents dans le sol avec des traces de griffes et des empreintes partielles. Les gardes nous expliquent que ce sont les ours qui creusent pour déloger et dévorer des marmottes réfugiées dans leurs terriers (assez radical comme méthode !).

L’expédition Panthera, c’est aussi de petites courses à cheval dans de magnifiques vallées et des randonnées à pied le long des crêtes. Le soir après nos marches entre 3 000 et 4 000 m d’altitude à la recherche d’indices de présence de la panthère des neiges ; nous nous retrouvons souvent autour d’un bon feu de bois ou d’un poêle dans lequel nous brulons des galettes de crottin séchées (tezek). Là, nous racontons des histoires et nous jouons aux cartes.

Un après-midi, après une traversée difficile de rivière en crue une pose photo nous a provoqué une grosse frayeur. Sans le vouloir nous avons poussé le cheval de bât qui porte le matériel et la nourriture. Il se retrouve l’arrière train dans le vide au dessus du torrent. C’est parti pour un sauvetage. Nous le tirons à l’aide des autres chevaux et d’une corde que nous passons derrière son fessier.
Les kirghizes accordent beaucoup d’importance à ces animaux. Le soir venu, Toktorbek passe donc un moment à panser ses blessures.

Le Kirghizstan est bien connu pour ses chevaux et la culture autour de ces animaux, cependant certaines familles se déplacent en yack. Nous avons la chance de rencontrer l’une d’elles qui nous permet d’en monter un. C’est particulier, pas très haut, ni rapide, mais c’est stable !

Quelques fois, lors des relevés d’indices de présence de panthère, Tchinara et Toktorbek s’occupent de la cuisine et de l’intendance au camp. Un soir, lors d’un bivouac, les trois jeunes volontaires souhaitons faire plaisir à tout le monde et cuisiner. Quelle erreur ! Nous obtenons du riz pour plusieurs jours et des légumes qui manquent de cuisson... Nous aurons du riz au lait pour les matins suivants et pour ce qui est des légumes, malgré tous nos efforts, personne ne finit son assiette de peur d’une indigestion ! Bizarrement, par la suite on ne nous a plus laissé cuisiner seuls...!

Et la panthère dans tout ça…

L’aspect scientifique de l’expédition, c’est pour moi l’occasion de découvrir des méthodes de récolte de données scientifiques. Nous récoltons les indices de présence de panthère tels que les grattages, empreintes et excréments (nous collectons les fèces les plus récentes pour des analyses génétiques). Nous réalisons ceci le long de transects (lignes imaginaires) en relevant les coordonnées GPS et en notant un maximum d’informations dans nos carnets de terrain.
Pour cette récolte de données nous suivons les crêtes et les cours d’eau. Lors des transects où des déplacements à cheval, nous notons également les indices de présence et les observations directes des proies de la panthère (mouflons, bouquetins, marmottes…) et de ses compétiteurs (loups et ours). Nous répertorions les carcasses de mouflons et de bouquetins en notant les coordonnées GPS, l’âge de l’individu, la taille des cornes et l’écartement celles-ci. A force de collecter des excréments et des moulages en plâtre, nous accumulons une dizaine de kilogrammes de surplus pour le retour en avion… Oups !

Lors des transects, nous posons notre piège photographique dans des endroits stratégiques afin de capturer une image de panthère. Malheureusement pour nous, celle-ci ne s’est jamais montrée !
Un après-midi, arrivés en crête la neige se met à tomber. Malgré le mauvais temps nous effectuons nos observations et relevés habituels dans la bonne humeur. Au moment de redescendre une pellicule blanche de quelques centimètres recouvre le sol. Le paysage est magnifique. Et là, surprise... Une panthère nous a suivi, elle est montée derrière nous, sans que nous n’ayons pu l’observer. Mais à la descente, nous avons repéré ses traces laissées dans la neige.

Le piège photographique a finit par être activé une nuit dans la vallée. Un lièvre est venu nous laisser un souvenir (nous avons fêté cette image !).

Pendant nos prospections nous découvrons aussi les premiers indices de braconnage. Les gardes nous montrent une pratique courante des braconniers. Ceux-ci construisent de petits murets de 50 cm de haut au fond des vallées étroites, près des ruisseaux où viennent s’abreuver les panthères. Là, ils ne laissent qu’un passage étroit et y disposent leurs pièges. Les Panthères étant « paresseuses », elles ne sautent pas le muret. Elles le suivent jusqu’à trouver le passage, mais malheureusement le piège les attend...
Les gardes luttent contre le braconnage dans la réserve. Ils sont formés et motivent leurs enfants à connaitre les espèces présentes grâce à l’école d’Akchirak (petit village dans la réserve pour les familles de gardes). Il y a une classe aménagée avec des trophées et de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères empaillés.

Je pourrais encore raconter nos journées sur des pages et des pages mais c’est sur place que vous vivrez le mieux cette merveilleuse ambiance et le travail réalisé lors de ces expéditions.

Une fois l’expédition terminée…

A mon arrivée à l’aéroport de Toulouse je suis heureuse de retrouver ma famille mais immédiatement je leur demande de pouvoir repartir un jour dans la réserve… Peut-être suis-je tombée sous le charme du pays, de ses habitants et de leur culture mais aussi de l’écologie ! L’année suivante, j’obtiens mon baccalauréat avec mention et je poursuis mes études avec un master d’écologie. Aujourd’hui j’ai obtenu mon diplôme. J’ai réalisé mes deux stages de master dans le laboratoire d’écologie alpine de Grenoble (LECA). J’approfondis un peu tous les jours mes connaissances personnelles dans le domaine.
Je suis toujours en contact avec mes jeunes équipiers Quentin et Maëlle, mais aussi avec Alexander de la réserve.
J’ai suivi les expéditions Panthera au fil des années et à présent j’ai le bonheur d’encadrer à mon tour ces expéditions. J’espère ainsi apporter une pierre au projet et permettre à d’autres personnes de découvrir ce petit pays, cette ambiance et bien sûr cette espèce si discrète et en danger. J’aime partager mes connaissances et découvrir celles de mes compagnons.

Pour finir, j’aimerai juste vous dire combien cette expédition m’a marquée par les paysages et les gens rencontrés. Elle m’a permis de découvrir l’écologie et comment tout un chacun peut participer à l’étudie d’une espèce.
Ces relevés sur le terrain peuvent sembler anodins mais en réalité ils permettent aux écologues de suivre la population d’une espèce donnée, sa répartition, etc. Parfois, pour des espèces peu connues et aussi discrètes que la panthère des neiges cela permet de recueillir des données sur son comportement.

J’espère partager un jour cet univers avec vous !

Anne-Lise

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